jeudi 21 février 2008

Rapport pochard : ça manque de diagnostic !

Un blocage existe entre pouvoirs publics et enseignants comme il en existe plus globalement entre pouvoirs publics et fonction publique. Ainsi la sortie d'Allègre sur le mammouth fut psychologiquement désastreuse et collectivement contreproductive. Pour une part non négligeable, ce blocage trouve son origine dans le fait que l'Etat a été, est et demeure un mauvais employeur.

Ou bien il réclame "peu" sachant qu'il donne "peu", position dominante observée par le passé. Ou bien il réclame "plus" sans pour autant donner "plus" (les caisses sont vides !), posture souvent observée dans le passé et tout récemment. Quelques variantes : réclamer "plus" en donnant "mieux", ou réclamer "mieux" en donnant "mieux", à moins que ce ne soit l'inverse !

Le rapport Pochard eût été avisé de poser un certain nombre de prémisses. Il revêt un caractère technique, mais la technique prime l'idée, alors qu'elle ne doit être qu'au service de cette dernière. Trop timide ou orienté, le rapport pêche par manque de diagnostic et donc de hauteur.


Quelques idées absentes ou insuffisamment posées.
  1. Comment réhabiliter la fonction enseignante en France ? Comment lever le blocage ? Ce n'est pas en éludant les questions (mêmes gênantes) que l'on progresse dans l'analyse et la proposition.
  2. De quel enseignant la collectivité a-t-elle besoin ? Le rapport Pochard évacue trop rapidement une question stratégique : l'amalgame ENSEIGNEMENT-EDUCATION. Le métier doit-il cumuler les deux fonctions ? La fonction "éducation" ne doit-elle pas seulement découler de manière naturelle de la fonction enseignante.


lundi 18 février 2008

Enseigner la Shoah ou préserver la mémoire

L'idée de Nicolas Sarkozy de faire assurer par les enfants des écoles élémentaires la mémoire des enfants juifs victimes de la Shoah pose un vrai problème sur la fonction de l'École ...

Qu'elle participe à la vie de la République en participant à la diffusion de valeurs est une chose, une bonne chose. Qu'elle s'éloigne de ce qui fait la spécificité d'un enseignement républicain est autre chose.

En l'occurrence, l'éducation apportée par l'école publique a pour mission d'apprendre aux enfants à dépasser les perceptions immédiates et les émotions en s'appuyant sur la raison. Et quand elle s'occupe de sensibilité –dans l'enseignement artistique et littéraire pas exemple– c'est pour apprendre à distinguer sensibilité et sentimentalisme.

En ce qui concerne la connaissance du passé, le rôle de l'éducation républicaine c'est d'amener l'élève à éviter la confusion entre la mémoire et l'histoire. C'est une tâche délicate qu'un historien maîtrise, mais que les enseignants qui ne sont pas tous historiens, ne peuvent assurer qu'au prix de grandes précautions, surtout lorsqu'ils abordent l'histoire récente.

C'est pourquoi la demande de Nicolas Sarkozy ne peut qu'introduire de la confusion dans la mission des enseignants et dans celle de l'Éducation nationale.