samedi 6 février 2010

Aborder l'homophobie avec des enfants

Lutter contre les discriminations fait-il partie de l'éducation du citoyen ?
Oui, c'est inscrit dans les objectifs scolaires. Oui mais … Les Ligues de vertu ne partagent entièrement pas cet avis. Elles estiment que la lutte contre l'homophobie est l'affaire de la famille et pas de l'école.
L'argument est aussi vieux que l'école, régulièrement utilisé depuis que l'idée d'un enseignement public laïque a été posée au siècle des Lumières. À nouveau, il est agité pour faire avorter un projet de film en cours de réalisation à Rennes.
Le film, Le baiser de la lune, a pour objet de sensibiliser les jeunes enfants à la question de l'homophobie, à travers un conte poétique racontant l'histoire d'amour entre un poisson-lune et un poisson-chat. Le réalisateur, Sébastien Watel, a eu le soutien, dès le départ, de l'Éducation nationale, de l'ACSE, de la Ligue de l'enseignement qui prépare le dossier d'accompagnement pédagogique. Il a obtenu le soutien financier de Conseil régional de Bretagne et du Conseil général des Côtes-d'Armor.
L'offensive est venue des milieux catholiques conservateurs et elle a eu le relai actif de Madame Boutin. Le lobbying exercé a amené plusieurs partenaires à se retirer, jusqu'au Ministre de l'Education nationale, qui a récemment désavoué le projet : pas de ça à l'école élémentaire, dit-il en substance.
Les autres partenaires (Conseil régional de Bretagne, Conseil général, Ligue de l'enseignement ne cèdent pas à la pression et maintiennent leur participation. Bel exemple de résistance laïque … La conviction religieuse ne doit pas l'emporter, le lobby religieux n'a pas à dicter de loi sur ce qui se pratique à l'école publique, ni à pratiquer la censure sur ce film qui, utilisation scolaire ou pas, restera une expression artistique.Les autres partenaires (Conseil régional de Bretagne, Conseil général, Ligue de l'enseignement ne cèdent pas à la pression et maintiennent leur participation. Bel exemple de résistance laïque … La conviction religieuse ne doit pas l'emporter, le lobby religieux n'a pas à dicter de loi sur ce qui se pratique à l'école publique, ni à pratiquer la censure sur ce film qui, utilisation scolaire ou pas restera un expression artistique.
Donner à penser que lutter contre l'homophobie c'est encourager les pratiques d'homosexualité relève de la rhétorique habituelle des groupes de pression religieux : il est bon de résister à ce genre d'argument ; c'est une saine pratique de la laïcité.
Aussi délicat soit le sujet, l'homophobie peut être abordée avec des enfants, au titre du refus des discriminations. Les enseignants ont assez de professionnalisme pour se positionner sans ambiguïté sur le terrain de la prévention de l'homophobie et sur aucun autre. Et si un support artistique peut les aider dans une démarche qui vise à mettre en cause des préjugés de toute sorte, c'est tant mieux !