Le délicat problème de la formation des Maîtres va-t-il trouver sa solution avec sa disparition ?
Dès la rentrée 2010 les enseignants du premier et du second degré seront recrutés à l'issue d'un master. Ce recrutement non plus avec une licence mais avec un master permettra un alignement sur les principaux pays européens (qui ne connaissent ni concours, ni fonction publique enseignante) et une revalorisation du début de carrière.
En l'état actuel du projet (selon la présentation présidentielle et ministérielle), c'est au milieu de la cinquième année d'étude, à la fin du premier semestre de master-2, en janvier ou février, que les étudiants intéressés par les métiers de l'enseignement passeront les épreuves d'un concours allégé, sans dimension professionnelle, dont la réussite sera validée avec l'obtention en juin du master.
Les heureux lauréats, qui pourront être issus de n'importe quel master seront alors affectés en septembre, sans plus de précautions, dans un établissement où ils assureront, en responsabilité, le service d'enseignement correspondant à leur statut !
Pour faire face à cette mission dont chacun connaît aujourd'hui la difficulté, ils bénéficieront des conseils d'un enseignant référent qui les accompagnera dans l'entrée dans un métier que la plupart vont découvrir ... En effet, aucune obligation de formation, théorique ou pratique, n'est évoquée dans le projet ministériel, même si la possibilité de suivre un stage devrait être offerte à ceux qui le souhaiteraient. Ils devront simplement justifier de cinq années d'études supérieures réussies avant d'entrer dans la carrière de professeur des lycées et collèges ou des écoles, ce qui devrait modifier sensiblement leur origine sociale.
Si la masterisation des enseignants est une bonne chose, le choix qui est fait de passer par cinq années de formation universitaire académique, sans élément obligatoire de formation professionnelle préalable, est lui discutable et préoccupant pour l'avenir de l'École républicaine.
mardi 26 août 2008
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2 commentaires:
La « masterisation des enseignants »
« Masterisation des enseignants », c’est un beau néologisme formé à partir de « mastère » pour ce diplôme sanctionnant une formation spécialisée pour enseignants. Or, il valide toute formation excepté celle qui leur est destinée.
En effet, on peut lire en ce qui le concerne : « …qu’au milieu de la cinquième année d’études, à la fin du premier semestre de master-2, …les étudiants intéressés par les métiers de l’enseignement, passeront les épreuves d’un concours allégé sans dimension professionnelle. La réussite sera validée avec l’obtention du mastère en juin.» Ce sera sûrement un questionnaire à choix multiple ou QCM dans la matière à enseigner qui servira de test ; passe encore pour les disciplines repérées, on ose à peine poser le problème pour les professeurs des écoles.
Fort de ce diplôme, qui ressemble étrangement au couteau de Pierre Dac qui n’avait pas de lame et qui avait perdu son manche, les « heureux lauréats », l’expression est-elle bien appropriée ! connaîtront le bonheur d’être affecté dans une classe à la rentrée suivante. S’il était nécessaire, ils disposeront des compétences d’un professeur référent pour faire l’apprentissage d’un métier, pour lequel, on a souvent dit, qu’il relevait du don.
Des personnalités bien connues ont affirmé de manière péremptoire que la guerre était une affaire trop sérieuse pour la confier à des militaires ! Dans le cas de l’enseignement, c’est tout pareil, trop sérieux pour confier une classe et nos enfants, à des professeurs qui auraient reçu une formation théorique et pratique certifiée !
Cependant, au terme de ces nouvelles dispositions, les personnels enseignants bénéficient d’une revalorisation de leur traitement en début de carrière. En somme, pas formé mais mieux payé ! C’est un argument assez important à prendre en considération, pour n’avoir entendu la voix d’aucun syndicat d’habitude si prompt à se manifester quand le statut de la profession, est mis en cause. Il est vrai qu’une reconnaissance « mastèrisée » de la fonction enseignante avec une revalorisation du traitement sont choses trop appréciables pour être dénoncées.
La conclusion est simple, quiconque se présentera dans un rectorat avec un mastère à 9h00 du matin, passera un QCM à 9h15, si ce n’est déjà fait, et se retrouvera dans une classe à 9h30 avec un professeur référent dont le nom figure déjà sur les tablettes de cette institution phare de l’Éducation Nationale. Et, vogue la galère ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’École de la République aura vécu et deviendra une école alibi comme aux États-Unis. Mais, ne nous y trompons pas, des institutions seront prêtes à reprendre le flambeau de l’enseignement, elles seront payantes cette fois ci, avec des professeurs compétents, sérieusement formés et triés sur le volet.
Il est possible que l'on ait pas entendu les syndicats sur la « mastérisation » mais c'est peut-être parce que l'on ne s'est pas donné la peine de les écouter ou que les médias n'ont que faire de leurs prises de position.
Si les organisations syndicales ne s'opposent pas à la « mastérisation », elles dénoncent en revanche la disparition de la formation professionnelle (initiale et continue - pour être précis cette dernière ne disparait pas mais se réduit d'année en année). Elles dénoncent également une revalorisation du début de carrière qui se fait au détriment du nombre de postes et de la formation initiale (puisque c'est la disparition de l'année de stage rémunérée qui participe à son financement).
Cf. le communiqué commun du 13 juin 2008 signé par des nombreuses organisations syndicales.
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5654
Cf. le communiqué du 2 juillet 2008 du SNUipp syndicat majoritaire des enseignants du premier degré.
http://www.snuipp.fr/spip.php?article2426
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